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Format Un Poète / Trois Poèmes
Lecture dirigée par Grégory Huck
Strasbourg 2019
Poète n°18 - Annie Lulu
★ Jaco
★ Cobză blue note
★ Likembe
★ Jaco
j’ai tant appris à répéter que jamais je ne serais libre
renouvelé le prêche garant d’une parfaite conduite
qu’un jour je suis morte à te découvrir
sibilance étouffée sommeil hurleur
le vacarme du monde surgi sans prévenir
boyau étiré sous l’aisselle
layon tracé corps déridant les pas
j’attends une serpente raidie
une sente pavée par la laie d’un tailleur de quartz
un jaco parleur prends la charmille de désir
vient me dire que tu ne pars jamais
sans laisser quelque trace au soleil
il a une penne argentée lustrée aux vibrations des morts
il balaie le sang
de ma vie il balaie devant la porte encombrée du morose encéphale
hérité de la nuit
entre les haies avachies au coeur de la route
tout au bord
ta lumière
★ Cobză blue note
d’où puise la nuit de tungstène toutes les forces de Karisimbi ?
et le jour de manganèse
et les repas de diamants
d’où sort le cuivre katangais hors du poumon de colline ?
et les fleuves de tourmaline
et d’argile
empoisonnés au vin
na wuti na toute force, kombo na ngaï force
elikia parle de paix
kimia parle d’espoir
moi je viens de toute force, je m’appelle force
★ Likembe
mes pouces n’ont pas poussé
à cet endroit de feu
de lame loholo, acier devenu perle
allumelles d’équateur
et feuillets pluviaux
ma musique tresse-moi
des rythmes d’ongles
tresse-moi les battements
du coeur chantant de ma maison
mon fils est un roi forgeron
nzinga de la forge
otshudi de l’équateur
mon fils martelle la ligne des teints
sur la matrice des soleils
zénith insomniaque
et antérieur à l’heure des gemmes
je l’appelle, viens mon fils,
et je me réveille
lui et moi
nous retrouvons après l’imploration du soir
au foyer de la séparation
sous le manguier de mon grand-père
il me bat un temple à résonance
pour tous les fuseaux secs
du temps de liberté
j’y pousse le soufflet
il me fait des poumons de cuivre
me fabrique une hache de constellations
amasse la citrine des couloirs argileux
pour en déposer l’éclat dans mes cheveux
et arrêter mon âge
abondance de pluie
likembe
orage des renversements
likembe
grandir sous mon peuple
likembe
ma synagogue d’harmonie
je t’appelle, viens mon fils,
ne refuse plus de naître
dans ce monde
tu seras deux équinoxes, tu sais