@Maudite Part Selon ma compréhension, le propos sur l'amour et sa morale, les relations complexes entre hommes et femmes, traités par Diderot et parfaitement montrés dans ce film sont intemporels. Notre époque est donc parfaitement reconnaissable dans le comportement des personnages. Mais la même histoire pourrait être mise en scène au néolithique, elle serait tout aussi crédible. Sur le choix de Mouret dans l'oeuvre de Diderot je n'ai pas d'opinion car je trouve le film impeccable. Probablement ce que j'ai vu de mieux depuis des lustres. Merci pour votre com.

@Maudite Part Je vois que vous partagez la même admiration pour ce film. Quand je dis que la même histoire serait tout aussi crédible au néolithique, je pense à l'amour, pas à la morale humaine, qui est une construction sociale qui évolue au fil de l'histoire humaine et qui serait anachronique. Mais ce n'était pas très clair dans mon post précédent. Et aussi, je ne permettrais pas de parler pour Diderot bien sûr. Pour ce que j'ai cru comprendre, dans cette histoire, c'est l'amour, le vrai qui motive le comportement du marquis (à son insu dans une certaine mesure) et de la Demoiselle et qui triomphe de tous les préjugés et protocoles sociaux. La Demoiselle et le Marquis ont tous deux un passé lourd de dépravation forcée pour elle et de libertinage assumé pour lui (mais ce n'est pas aussi simple dans son cas) mais leur coeur est et reste pur. L'amour, le vrai, est un sentiment humain intemporel et qui surpasse toute morale. C'est cela que nous rappelle cette histoire selon moi. Pourtant la première partie est aussi un chef d'oeuvre, plus raffiné même. La relation entre Mme de la Pommeraye et le marquis des Arcis est complexe et la scène de rupture pour moi très équivoque. Qu'en pensez-vous ?

@Maudite Part Merci pour ces compliments généreux. En réalité je ne connais pas Diderot plus que ce que j'en ai appris au lycée mais, comme tout le monde, ma pensée est fortement marquée par les idées des Lumières. J'ignore aussi toute la profondeur que l'on peut trouver chez Sade. J'ai lu Justine et rien d'autre si mes souvenirs sont fiables. Sade, c'est déjà très bien écrit et j'avoue que le premier degré de lecture a suffit nettement à mon plaisir.

L'attracteur de l'intrigue est effectivement Mademoiselle de Jonquières, qui incarne la rédemption par la sincérité, quelles que soient les bassesses qui rôdent dans son orbite. Et la lecture féministe deviendrait un contresens si elle s'appuyait sur la complaisance envers la vengeance perverse de Madame de La Pommeraye, personnage rongé par un profond narcissisme qui passe sans honneur de l'amour ébahi de soi-même, à une vengeance perverse, impitoyable, utilisant à son profit deux victimes utilitaires. Le quatuor est formé par ces quatre caractères : le cœur d'artichaut, mais non le prédateur, moteur inconscient. La narcisse, parfaitement égotique, toute-puissante, conductrice. La femme détruite, vénale, la passagère. La proie, finalement le Graal, l'autel. Merci de relever le concerto pour harpe de Boieldieu, merveilleux.