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Par-delà les déformations de visages que ta connaissance de l’art te suggère (Picasso, Bacon, Giacometti, Auerbach, Leroy, etc.), je pallie le plus simple, ici il s’agit d’abord de traits. Traits désordonnés, puis polarisés, qui ont fini par se rejoindre en traits de visagéité. Avant toute suggestion stylistique, je les ai tirés en divers sens intrinsèques et arbitrairement alignés de l’obscurité blanche de mes calepins ; je suis loin d’être maître en la matière. En musique la notion de mode est courante - il s’agit d’un type d’échelle musicale -, appliquée à ce que je portraiture je la trouve adéquate : un cadre. Les modes qu’il faut distinguer des thèmes sont quasi infinis et le mode visage est quand je griffonne le plus immédiat. Tu peux aborder ces « visages » par la porte d’entrée qui te convient le mieux, c’est toi qui vois. De toute sa surface lisse si flexible, si mouvante, si expressive, le visage est le comble de l’apparence, l’en deçà de tout masque, de tout travestissement : le rayonnement physique d’un big bang, totalement abyssal. Ce mode visage constitue la ligne de commande de ce qui m’attable ces temps-ci : des visages de traits sortis de traits de visages plutôt qu’explicités par les expressions qu’accessoirement ils rappellent. L’histoire de l’art permet qu’ils ne te piquent plus les yeux ni qu’ils ne te fassent de crocs en jambe, ce n’est plus le but aujourd’hui, pour autant que cela l’ait jamais été : le visage a toujours eu besoin de sortir du visage et de revenir s’y confondre : le vieux revenant à l’évocation sous-jacente du jeune et le jeune à la suggestion du vieux, il n’est pas rare que cela transparaisse. Je ne suis pas explorateur de formes, griffonner ne m’est pas une façon de chercher la mer à boire, je préfère me laisser surprendre par le télescopage connivent des traits qui filent et du midi à quatorze heures qui passe.