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Format Un Poète / Trois Poèmes
Lecture dirigée par Grégory Huck
Strasbourg 2020
Poète n°19 - Hermann Hesse
★ Dans le brouillard
★ Etapes
★ Là-bas
★ Dans le brouillard
Comme c’est étrange de marcher dans le brouillard !
Solitaire est chaque buisson, chaque pierre,
Aucun arbre n’aperçoit son voisin,
Chacun est bien seul.
Le monde était pour moi plein d’amis
Quand ma vie se déroulait dans la lumière ;
Maintenant que le brouillard est tombé,
Je ne distingue plus aucun d’eux.
En vérité, personne n’atteindra la sagesse
S’il ne connaît aussi les ténèbres
Qui, en silence, inexorablement,
Le séparent de toute chose.
Comme c’est étrange de marcher dans le brouillard !
La vie tout entière est solitude,
Nul ne connaît son prochain
Chacun est bien seul.
★ Etapes
Comme chaque fleur fane et chaque jeunesse
Cède à l'age, chaque étape de vie fleurit,
Fleurit également chaque sagesse et chaque vertu
A son temps, et ne peut pas durer éternellement.
Lors de chaque nouvel appel de vie, le cœur
Doit être prêt au grand départ et au recommencement,
Pour se donner en tout courage et sans deuil
Dans d'autres et nouveaux engagements.
Et à chaque début est inhérent un charme,
Qui nous protège et nous aide à vivre.
Nous devons gaiement traverser espace après espace,
Ne s'accrocher à aucun d'eux comme à une patrie,
L'esprit mondial ne veut pas nous lier et nous confiner
Il veut nous soulever par étape, nous élargir.
À peine habitués à l'intérieur d'un cercle de vie
Et confortablement acclimatés, l'affaiblissement nous menace,
Simplement celui qui sera prêt au départ et au voyage
Peut se sevrer de l'accoutumance paralysante.
Peut-être même que l'heure de notre mort
Nous enverra-t-elle, jeune, vers des espaces nouveaux,
L'appel de la vie ne prendra jamais fin...
Allons donc, cœur, fais tes adieux et guéris !
★ Là-bas
Là-bas, loin par-delà les monts,
Une pâle lune paresse
Et sous ses éternels rayons
Demeure ma morte jeunesse.
Là-bas, loin par-delà les monts,
Auprès du tombeau de la reine,
Mon amour mort, hâve, harassé,
Comme un fantôme se promène.
Là-bas, loin par-delà les monts,
Où sont les temples froids de pierre,
Devant mes dieux morts, dans le vent,
Errante, pleure une prière.