On a davantage retenu du prédicateur Savonarole son implication dans la vie politique, notamment son opposition aux Medicis et au pape Borgia Alexandre VI, que la façon dont il s’adressait aux Florentins. Revendiquant une parole inspirée et façonnée par les Écritures se voulant persuasive, le dominicain souhaite réformer la manière de prêcher, selon lui trop marquée par les ornements de l’éloquence et détournée de la pensée originelle de Jésus-Christ.
Le livre étudie les sermons savonaroliens aussi bien dans une approche rhétorique et philologique que diachronique. L’exploration progressive des sermons montre qu’à partir de 1490, Savonarole passe du sermon scolastique à la lectio continua, avant d’opter en 1494 pour une construction à la fois circulaire et binaire plus égocentrée.
Faisant passer le geste politique dans le discours, selon son expression « mon dire est un faire », (préfigurant les actes de langage théorisés au XXe siècle), Savonarole élabore la transformation de Florence en une nouvelle Jérusalem, projet pour lequel il est prêt à aller jusqu’au martyre. Si le rappel incessant de ses prophéties donne un sens aux événements historiques liés aux guerres d’Italie, l’auto-plaidoyer qui en résulte finira par désacraliser sa parole de prédicateur au point de le conduire à sa perte.
L'édifice des sermons savonaroliens, de Cécile TERREAUX-SCOTTO, est disponible ici : www.droz.org/9782600064101