L'erreur qu'a faite le responsable de l'INP était de les appeler des colons. C'était un mixte entre Africains (au sens de Tunisiens) et de Romains de toutes parts, pas uniquement d'Italie. La marque du modèle romain et sa qualité résident dans sa capacité à ne pas coloniser justement les territoires conquis, mais à inclure leurs populations dans la pax romana. C'est-à-dire que les Tunisiens de l'époque étaient des acteurs de premier plan dans la gestion de leur pays. La plupart des monuments construits dans les villes d'Afrique, exceptées les commandes d'empires comme les routes militaires, étaient l'oeuvre de riches hommes d'affaires locaux. Car dans la Rome antique, surtout après César, ils avaient réussi à développer ce qui a fait la fortune des Tunisiens, un système décentralisé, bâti autour des municipalités. Plus les rentiers et les bourgeois locaux participaient à l'édifice de la ville, soit par commande ou par financement, plus ils avaient droit de cité, c'est-à-dire de vote au sein du conseil municipal. C'est ce qui explique l'essor des villes de l'intérieur durant les 4 premiers siècles de notre ère. Nous ferions mieux de nous inspirer de ce modèle qui avait réussi à notre terre plutôt que de reproduire le modèle centralisé d'un autre âge et qui convenait mieux aux empires qu'aux pays.