LA CLEF DE VOÛTE. Situé en Périgord Noir à Thonac, le château de Losse domine la vallée de la Vézère. L'ancienne forteresse médiévale construite en à pic sur la rivière a fait place en 1576 à un château de plaisance de style renaissance. Aujourd'hui, la demeure est encore entourée de douves et de remparts d'origine médiévale, et elle offre des jardins semblables à ceux du XVIIe siècle.
Les premières traces du château datent du XIe siècle avec l'arrivée de la famille flamande des Losse. Ils construisent au bord de la Vézère une place forte. Plus tard, au XVIe siècle, la famille Losse va obtenir une importante renommée grâce aux services rendus aux rois de France. En 1576, Jean II de Losse (1504-1580) demande l'ajout d'une terrasse renaissance et d'un logis à la forteresse médiévale. Cet homme a été proche des derniers Valois et des premiers Bourbons. Il a été également lieutenant général gouverneur du Limousin et de Guyenne. C'est proche de la cour qu'il va connaître les nouveaux critères en matière d'architecture et de décorations. Grâce à ses connaissances, il va restaurer son ancienne forteresse féodale en mélangeant l'influence italienne et ses racines provinciales.
Quand les premiers troubles des guerres de religions commencent à toucher le Périgord, Jean II de Losse fait modifier le système défensif du château en ajoutant différentes bouches à feu comme des canonnières ou des couleuvrines. Un tir croisé savamment étudié est donc installé à partir d'orifices dans les tours. Défendu par le châtelet à la toiture de lauze, le plus grand ouvrage de ce genre en Périgord, l'accès au château est également surveillé par l'ajout d'une échauguette en encorbellement sur la muraille. On entre dans l'ancienne forteresse par un pont qui enjambe les douves profondes. Ces douves enserrent le château sur trois côtés, le denier côté étant en surplomb de la Vézère.
Les systèmes défensifs du pourtour contrastent dès l'entrée dans la cour d'honneur avec cette demeure d'une grande élégance : un joyau Renaissance serti dans un écrin médiéval. Composé d'un corps de logis en équerre avec une grosse tour ronde, le château est fait, comme nombre de demeures périgordines du XVIe, de différents volumes couverts d'imposantes toitures pentues. La demeure de style renaissance dévoile son architecture avec de multiples décorations taillées dans le calcaire blond. Le maître d'oeuvre, Jehan Lamarre, a usé de tout l'alphabet décoratif classique de la Renaissance. L'autre côté du château possède une grande terrasse qui s'appuie sur la falaise pour observation de la vallée de la Vézère.
Labellisés jardins remarquables en 2004, les jardins du château de Losse s'étendent sur plusieurs hectares. Ils sont conçus dans un style renaissance, avec des chambres de verdure formant un labyrinthe, une tonnelle parfumée où s'entremêlent roses et glycines menant au chemin de ronde et des jardins bas avec parterre fleuris et topiaires. Ces aménagements offrent une promenade au travers de grands parterres de romarin et de lavande. Un petit canal partant de la fontaine de Venus et Apollon s'étire parmi les formes taillées dans les arbustes bordés par des cyprès aux allures de Toscane. Enfin les douves profondes asséchées sont transformées et aménagées en chemin de promenade autour du château. On peut entrer par les douves, pour ressortir dans les jardins du haut en terrasses, en passant par une entrée dans une tour. Les jardins du château de Losse apportent une grande sérénité au site où se dégage une atmosphère de bien-être et d'intimité.
Contemporain de Montaigne, Jean II de Losse a souhaité laisser quelques devises faisant écho de sa vie. Elles sont gravées dans la pierre dans divers endroits du château. L'une d'elles à l'entrée dit : « L'homme fait ce que peut, la fortune ce que veut. »