J'apporte ici mon témoignage sur Gérard Gombert dit Lagombe (pour la gomme, qui met la gomme). Je conserve cette vidéo depuis plus de 10 ans. Il était hors de question de la publier de son vivant avec tous les rapaces du monde auto. Je ne suis pas motard et c'est avant-tout un passionné de motos. On avait sympathisé car on avait en commun la création de véhicules. De plus, son père et lui avaient eu l'occasion de rencontrer mon arriere-arriere-grand-père (constructeur auto lui aussi). Certains se souviennent peut-être, il y a quelques années, d'un concours dans un célèbre magazine de voitures de collection? Le magazine cherchait des renseignements sur un proto qui avait couru il y a des dizaines d'années. Un prototype avec une face avant de Ford GT40 et un arriere de Lamborghini Miura. Le lauréat gagnait une participation au Tour Auto. Lagombe m'avait montré les photos de sa construction avec un sens du suspens et du secret qui lui étaient propre.
Le monde entier a oublié ce constructeur auto-didacte de génie, le réduisant à son stock mécanique. Dans les années 70, on prend l'autoroute et on ne passe plus par la RD562 entre le circuit du Castellet et St-Tropez. Du coup, il passe beaucoup moins de monde chez Lagombe. Les gens ont la mémoire courte mais au début des années 80, ça devient carrément la honte de rouler dans une Alpine. Lagombe, intemporel, atypique, indépendant, les garde en souvenir du passé. En effet, pour reprendre ses propres termes: "Dans les années 60, les mecs achetaient une Alpine le samedi et se sortaient (de la route) le dimanche. L'usine était complètement débordée par le service après-vente pour ces réparations et sous-traitait. Et comme j'étais un des seuls à maîtriser le polyester à cette époque, je réparais la plupart des voitures de l'usine." Si je vous racontais comment Lagombe a hérité de l'A210, victorieuse de la classe énergétique aux 24h du Mans, vous saisiriez mieux le génie de cet homme qui écoutait son coeur. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles il peut compter tant de célèbres conquêtes féminines. Malheureusement, cette sensibilité lui a joué des tours dans un milieu automobile de plus en plus spéculatif et certaines blessures n'ont jamais cicatrisées. Puis la méfiance s'est légitimement installée. Après avoir voulu donné tout son héritage aux "restau du coeur" car il appréciait énormément Coluche, il avait finalement jeté son dévolu sur "30 millions d'amis". Je ne sais pas à qui profitera les recettes de la vente aux enchères de sa collection.
Un électron libre, affranchi de la mode spéculative qui avait un regard intemporel sur le milieu auto-moto. Puis, avec ironie, cette mode l'a rattrapé pour transformer cette liberté en prison. S'il quittait sa maison pour se rendre sur un meeting, il pouvait être sûr que quelqu'un qui le verrait à la concentre allait appeler un copain pour lui dire que la voie était libre pour piller dans le terrain... Un jour, par exemple, on lui avait volé les ornements funéraires des tombes de ses animaux. des calandres d'Alpine...
Je n'oublierai jamais tes conseils et ton appréciation si positive au sujet de la Soxle Oswald.
Adessias Gérard.
Guillaume Mennesson