inn ti souv'nir ensanm le ségatier harmoniciste Michel Fontaine èk détroi tites (petit fleur faimée , 2 pot pourri , oté malbar , bouli boula , exotisme) instrumental , extrait de son album " tout michel" sorti en 1999 .
En 1999, pour le 3e anniversaire de sa mort, sa veuve Reine-Marie, le chanteur Jacky Lechat et le studio Skyjump's ont rassemblé sur le CD "Tout Michel" l'intégralité de ses chansons et des instrumentaux inédits que Michel Fontaine avait enregistrés en compagnie du guitariste Raymond Sangaria au studio Royal à Saint-Joseph.
En 1996, il s'éteignait un 25 novembre. Il s'était fait un nom grâce à son harmonica, son humour et des ségas bien sentis.
Mercredi dernier 25 novembre, c'éta it donc le 19e anniversaire de la mort de Michel Fontaine, chanteur, comédien et virtuose de l'harmonica, un instrument qui avait connu son heure de gloire dans la période de l'après-guerre.Enfant, Michel Fontaine avait appris à jouer de la flûte et de l'accordéon et ensuite de l'harmonica qui était un des jouets de Noël en vogue à son époque et qui a probablement été à l'origine des carrières de nombreux autres artistes péi. Adolescent, Michel Fontaine entendait souvent à la radio les stars de l'harmonica comme Larry Adler, Claude Garden et aussi le Trio Raisner avec le célèbre animateur Albert Raisner qui jouait parfois de l'harmonica en présentant ses émissions à la télé ("Age tendre et tête de bois", "Tremplin"…).Harmoniciste autodidacte, c'est pendant son service militaire que Michel Fontaine a reçu un prix en 1960 dans un concours à Fréjus. À son retour, il a été incontestablement la référence de l'harmonica dans le séga au cours des années 70 et 80. Plus tard, grâce au groupe Mauricien Cassiya, cet instrument a retrouvé toute sa puissance de séduction avec l'immense talent du regretté Sylvio Ravina. Aujourd'hui, Jean-Paul Volnay joue régulièrement du séga à l'harmonica dans ses concerts et naturellement c'est notre compatriote Olivier Ker Ourio qui est l'un des spécialistes de l'harmonica jazz.
Donc, Michel Fontaine n'a jamais quitté son harmonica tout au long de sa carrière de musicien qui a commencé de bonne heure et à la bonne école puisque son père Elord Fontaine était un artiste très connu. Comédien amateur, Elord Fontaine était surtout un chanteur-chansonnier réputé pour ses spectacles avec les standards de notre patrimoine folklorique.
Accusé à tort de racisme.
Michel Fontaine, avec son caractère taquin et farceur aimait lui aussi s'amuser en faisant rire car il avait l'art de dire les choses avec humour et il avait aussi le sens de la répartie et de l'improvisation. Tout cela le conduisit vers les arts du spectacle : comédie, sketches et chansons et comme il avait aussi une bonne plume, c'est en 1973 qu'il a commencé à enregistrer ses deux premières chansons en 45 tours "Assez moucater" et le maloya "Oté Malbar".
Malheureusement, il a préféré retirer son disque de la vente à la suite des plaintes d'une partie de la communauté tamoule qui l'avait accusé, à tort, de racisme… Pour s'en convaincre il suffit d'écouter les paroles qui n'ont rien d'offensant.En 10 ans de carrière, de 1973 à 1983, Michel Fontaine s'était taillé une solide réputation de chanteur, humoriste avec des ségas qui mélangeaient ironie, moquerie et dérision et dont les titres sont encore dans la mémoire collective comme "Bein la coué la", "Séga canapé", "Marinette", "Maloya macadame" et surtout le séga "Arrête pas vedette", inspiré, dit-on, d'une scène réelle lors d'un contrôle routier mais pas avec Michel Admette comme coupable car le "Prince du séga" ne sait pas conduire une voiture puisqu'il n'a jamais passé son permis !
Ce qui est intéressant et significatif de l'éclectisme de Michel Fontaine, c'est son aisance à promener son harmonica dans divers styles, de la valse au latino en passant par le jazz et toujours pour revenir au séga et au maloya qui n'était pourtant pas à cette époque en odeur de sainteté sur les scènes et sur les ondes de la radio publique. Y furent tout de même souvent programmés "Oté Malbar" et deux autres maloyas "bien roots", qui en surprendraient plus d'un aujourd'hui.
En effet "Maloya macadame" et "Pleure pas po li" n'ont pas été reniés par les "zarboutants" du genre, sans doute parce que Michel Fontaine avait été accompagné en studio par la troupe de Firmin Viry. Apar Firmin ek son famiy, ki sa i koné ankor sa zordi ? Sépousa ké nou di azot sak lé vré mem.
De Michel Fontaine, il nous reste le souvenir d'un talent incontesté et drôle au service de compositions marquées par son évident sens critique de la société réunionnaise et, en privé, il avait "la courtoisie de toujours arriver avec un sourire et de vous quitter dans un grand éclat de rire".
CLICANNOO 29 nov 2015