LE CHEMIN DE RONDE. Quéribus symbolise la résistance cathare puisqu'il est le dernier château à être tombé aux mains des croisés en 1255. Perché sur un piton aux parois abruptes, cet observatoire, admirable lieu stratégique, servait de château frontière et poste militaire. Les parois verticales de l'éperon rocheux sur lequel fut édifié le château de Quéribus en constituent ses meilleures défenses. Entouré de trois enceintes fortifiées du "rocher du buis" (traduction de Quéribus), le puissant donjon, si caractéristique, domine, du haut de ses 728 m, l'un des cols permettant le passage du Fenouillèdes aux Corbières.
Grandiose et minuscule, semblant défier les sommets enneigés de la chaîne pyrénéenne, la forteresse de Quéribus, à la différence des autres châteaux réputés cathares, semble n'avoir jamais constitué un lieu d'habitat fortifié, mais un poste militaire. Sous la protection de son seigneur, Chabert de Barbaira, Quéribus accueillait de nombreux cathares, entre autre le vieil évêque de Razès, Benoît de Termes, venu y finir ses jours en paix, entre 1233 et 1241. Il fut visité par le diacre Pierre Paraire et par quelques croyants.
Après la chute de Montségur en 1244, Quéribus devint le dernier îlot de la résistance cathare, accueillant de nombreux hérétiques et chevaliers faydits. Après un siège de courte durée en 1255 par l'armée royale, sur l'intervention d'Olivier de Termes, le château entre dans le royaume de France, sous le règne de Saint-Louis. Il devient une pièce maîtresse du dispositif défensif français dont le centre de commandement est Carcassonne. Il est l'un des "cinq fils de Carcassonne": Quéribus, Aguilar, Peyrepertuse, Puilaurens et Termes.
Quéribus connaît d'importantes transformations architecturales à la fin du XIIIe et XIVe siècle pour devenir l'une des puissantes sentinelles contrôlant la frontière aragonaise. De la troisième enceinte, surplombant l'édifice, à la première enceinte, les différents types d'ouvertures et d'appareil des murs montres plusieurs campagnes de construction. Des fines archères, utilisées par les arbalétriers, aux meurtrières canonnières pour l'arme à feu, plus larges, quatre siècles d'évolution sont représentés.
La rampe d'accès, parfois taillée dans la roche, est sous le contrôle des défenseurs. Plusieurs systèmes de défense des portes sont présents : assommoirs, bretèches. Les points vulnérables sont dotés de moyens de surveillance : chemins de ronde, casemate. Quinze à vingt hommes suffisait pour défendre le château. Quelques éléments de vie quotidienne sont conservés : citernes, corps de logis, emplacement de cheminées, salles de stockage.
Au point le plus haut de la troisième enceinte, le donjon polygonal domine l'ensemble. À l'intérieur, une superbe salle est éclairée par une imposante fenêtre à meneau. Sur le mur ouest, les arrachements de la hotte d'une cheminée sont visibles. La voûte en croisée d'ogives de style gothique primitif repose sur un puissant pilier massif, en forme de "palmier". Dans le sous-sol, un souterrain permettait de quitter les lieux en cas de siège pour rejoindre la falaise.
Cet ensemble voûté supporte une terrasse, accessible par un escalier en vis situé dans une tour rectangulaire accolée au donjon. De ce point culminant, le panorama s'étend de la mer aux Corbières, jusqu'aux Pyrénées. À l'extérieur du donjon, au dessus des fenêtres à meneau, des archères primitives et le petit appareil du mur semblent indiquer l'ancienneté de cette partie, vraisemblablement contemporaine ou antérieure au XIIe siècle.
La paix des Pyrénées de 1659 enleva tout intérêt stratégique à la citadelle de l'ancienne frontière, qui conserva cependant une garnison et ne fut ruinée que par le temps.