Taxi Driver ce film qu'il ne faut pas présenter, il faut le mettre entièrement à disposition sur KZfaq - Merci

Magnifique film ❤

A quoi reconnait-on le talent de Jean-Baptiste Thoret ? C'est simple : je préfère l'écouter parler d'un film que regarder le film :)

Merci bcp monsieur Thoret pour votre analyse très fine et pertinente de "Taxi Driver".

Très bon commentaire, merci ,ça remplace largement mon CM à la fac.

Sur la question "pourquoi Travis veut tuer Palentine ?", je pense au contraire que ce n'est pas une pulsion mais que c'est lié à son histoire avec Betsy. La rencontre entre Travis et Palentine dans le taxi est cordiale. Dès lors que Betsy met fin à leur fréquentation, elle l'exclue de son monde, il y a fracture. Pour se venger de ce qu'incarne Betsy, mélé à un besoin d'exister et de domination, entre autre, il veut tuer le sénateur, donc pour tuer symboliquement Betsy. Je l'ai ressenti comme ça.

ENERVANT CE SPEAKER AU DEBUT DU REPORTAGE

1)Albert Brooks livre une sublime performance dans Drive en 2011..Il interprète le rôle d'un mafieux monstrueux et sanguinaire...Il est terrifiant et extrêmement antipathique. Un tueur froid et sans humour...Très beau rôle. 2) J'ai connu New York au tout début des années 90 et en terme d'ambiance, Taxi Driver était pas très loin...Glauque et inquiétant mais fascinant aussi...Taxi Driver , oui , a des vertus de documentaire et restitue parfaitement une époque et une ville ..Ambiance qu'on retrouve un peu dans un gros navet de cette époque mais un navet intéressant sur certains aspects, Saturday Night Fever..Oui j'assume cette comparaison 3) Travis est un malade , paranoïaque et narcissique ..personnage que l'on retrouve dans un autre chef d'oeuvre de Scorsese, la Valse des Pantins.

C'est la production qui a exigé de coloriser le sang

Y'a une dimension à souligner dans ce film également, c'est celle de l'enfance. Stanley donne l'impression d'une perpétuelle recherche de la pureté enfantine. Dans sa narration et dans les lettres qu'il écrit, il y a un coté puéril fort, quand il écrit à ses parents avant sa tentative d'assassinat, le texte est celui d'un enfant loin de ses parents. Mais surtout, c'est dans sa relation avec Jodie Foster qu'il matérialise ce rapport particulier à l'enfance. Il tente de retrouver en elle, jeune prostituée de 12 ans qui fume et qui se drogue, la pureté de l'enfance en tentant de l'éloigner de son milieu. Le film se termine d'ailleurs avec le retour de Foster chez ses parents, ce que Stanley voulait, alors que lui-même échappe aux siens.

Une hypothèse: de mon point de vue, c'est un film sur un psychopathe doublé d'un sociopathe... Je dis ça pour éclairer les propos de JB Thoret au sujet du fait que Travis change d'avis, de comportement, de façon régulière et soudaine. Il semble apprécier Palentine, puis veut le tuer. Même avec Betsy, qu'il convoite surement par excès de sentimentalisme, il sera avec elle assez impardonnable dés qu'elle le refusera (après tout qui n'aurait pas agit comme elle), disant d'elle" qu'elle est froide et distante, telle un syndicat", alors que 5 mn avant, elle était à ses yeux la grâce incarnée. Cela révèle chez Travis un tempérament immature surement. Sociopathe, il l'est aussi, car il n'arrive absolument pas à se fixer. Son boulot l'ennuie manifestement, aucun lieu de sociabilité (cinéma, bar, boulot, et même bouge des putes) ne parvient à l'attacher. Il erre sans cesse de l'un à l'autre. Psychopathe, sociopathe, tout cela mène à une profonde solitude. Peut être est-ce ce que Scorsese voyait dans la modernité urbaine de l'Amérique des années 60-70. Une solitude vécue comme un plafond de verre ( le carnage criminel de la fin se situe aux étages supérieurs - les derniers d'après un panoramique- d'un immeuble) que Travis veut faire exploser. C'est l'homme seul de la modernité américaine, sans projet collectif, individualiste. Sa réussite elle est masturbatoire. Sa jouissance, vécue comme une victoire, c'est celle d'Onan qui répand sa semence sur le sol: et qui donc ne sert à rien. C'est ce que dit JB Thoret: ce qu'accomplit Travis à la fin ne sert à rien. C'est un constat qui relève de la morale existentielle: ce qui ne se partage pas, finalement, ça ne sert à rien. Peut-être, pourra-t-on me rétorquer, satisfait-il Iris ? Oui, effectivement il la sauve des griffes de Sport. Mais comme le dit Thoret, ça ne règle pas le problème de la prostitution et du proxénétisme, car il en reste encore "12 Mille..." ( et à ce titre, un critique de l'époque, Bertrand Tavernier pour le citer, disait même qu'au contraire l'action finale de Travis allait à l'encontre du libre arbitre d'Iris... A débattre !!! ). Je crois donc que le portrait de ce personnage, psychopathe, sociopathe, permet à Scorsese de préciser où en est son époque et son pays à ce moment là: un pays plein d'une toute puissance inutile... Ce qui explique donc que l'Amérique vient de perdre la guerre du Vietnam, et que ses soldats perdus revenus au pays, tels Travis errent dans les rues de New York...

Il y a un antagonisme évident chez Travis, comme une sorte de Mister Hyde dont le mental post traumatisé se dégrade progressivement depuis que Betsy décide de le repousser. Cet élément détonateur va inéluctablement révéler le côté obscur de Bickle jusqu'à la méditation et la préparation du meurtre en la personne du sénateur. Néanmoins, la face du Docteur Jeckyll se révélera parallèlement rédemptrice et salvatrice sur la trop jeune et trop naïve Iris, voulant, coûte que coûte, libérer celle-ci des griffes de son entourage malsain et malfaisant. La moral de ce chef d'oeuvre démontre incontestablement que toute être humain défaillant peut se donner les moyens de trouver une issue de secours, même inconsciemment, comme le démontre l'évolution du personnage magistralement interprété par De Niro.

Si Betsy n'avait pas mis fin à leur fréquentation, Travis aurait trouvé sa "place" et aurait conservé une attitude cordiale (comme dans la conversation dans le taxi) avec Palentine. Le déclencheur du passage à l'acte, c'est Betsy.

C'est vrai que le cinéma de Schrader est sauf de toute question de rédemption, faute, péché, et tutti quanti. Le problème du feu, de la rédemption, de la faute et de l'expiation sont des soucis scorsesiens... sauf dans Hardcore, American Gigolo, Light Sleeper, Card Counter, Master Gardener, Ton Père et ta Soeur. Sérieux, JB, on l'aime, Schrader, mais c'est le mec qui a développé la même angoisse à travers tous les métiers/films possibles. A quand Master Lumberjack vs Calvin, et tout le monde sait qu'il finira par le faire.

Je pense modestement que JB Thoret se trompe sur le sens de la fin du film. Travis ne s'en sort pas. Les séquences de fin sont totalement fantasmées par le personnage principal. Scorsese donne plusieurs indices : 1) Sur la photo de la coupure de presse, les parents d'Iris sont vieux, alors qu'elle n'a que 12 ans... C'est la vision imaginée par Travis des parents de la jeune prostituée. 2) L'écriture de la lettre du père d'Iris est en réalité celle de Travis. 3) Dans la dernière séquence, l'apparition de Betsy paraît irréelle, on ne la voit que dans le rétroviseur du taxi et jamais dans un même plan avec Travis. 4) Lorsque Travis règle le rétroviseur intérieur pour apercevoir une dernière fois Betsy en s'éloignant avec son taxi, on entend très distinctement un bip, similaire à celui d'un monitoring quand le rythme cardiaque s'arrête. Travis est sur son lit d’hôpital, à la suite des blessures reçues par balles, quand il s'imagine cette séquence. Juste après le "BIP" on ne le voit plus, d'ailleurs. Travis est mort et l'on finit sur un plan des rues nocturnes de New-York. Le film est d'autant plus fort et réussi, à mon sens, avec cette dernière séquence onirique. On retrouvera 25 ans plus tard ce type de procédé narratif, par "indices oniriques" dans Mulholland drive, de David Lynch, autre chef-d’œuvre.

c'est tres interessant, mais ca n'existe pas les "cathos puritains" les cathos calvinistes" XD

J’en suis au début. Film génial et propos intéressant. Je suis juste un peu freiné dans mon enthousiasme par le côté Philippe Manœuvre.

Catholique puritain ça ne veut rien dire.

Taxi Driver n'est pas un film pour les bobos gauchistes. Pauvre petit intello Thoret qui n'a pas compris une miette de ce chef d'oeuvre glauque et cauchemardesque.