Maître Jacques... Je l’appelais Maître Jacques... Il n’était pourtant ni notaire ni boulanger Mais le Maître des partitions et des accords.
Il n’était pas avec nous sur la tournée sur laquelle il avait pourtant travaillé jusqu’au bout et dont nous revenons... Mais il était là, un peu partout avec nous puisque nous y étions !
Jacques Ferchit nous a quitté dans la nuit du 23 mai. Son nom était encore sur l’affiche du dernier concert donné à Riga en Lettonie... Même si c’était dans la langue locale et que Jacques Ferchit était devenu Zaks Fercits !! Ce qui le faisait bien rire...
Car Jacques, si sérieux en apparence, était doué d’un humour féroce, acide, sans complaisance... Un peu comme sa direction musicale qu’il partageait depuis plus d’un quart de siècle avec Jacky pour former un duo de choc qui était de toutes nos aventures depuis une bonne vingtaine d’années... Des enregistrements d’albums avec de beaux succès et à la clef quelques disques d’or...
Des tournées de par le monde que Jacques aimait parcourir... De l’Afrique à la Russie, du Liban au Japon où il n’aura cette fois pas le loisir de nous accompagner... Mais en fait si... Car partout où je serai, Jacques sera avec moi, avec nous... Cette famille de musiciens qu’il s’était constitué au fur et à mesure de ses pérégrinations et qui le pleure comme sa famille, son épouse et ses filles Diane et Marina.
Hier soir, sur son lit d’hôpital, j’ai essayé de lui arracher un dernier rictus en lui racontant que si le célèbre accordéoniste André Verchuren a 48000 followers sur Spotify ou la non moins célèbre Yvette Horner 58000 auditeurs mensuels... Lui, l’arrangeur accordéoniste qui ne se prenait pas au sérieux mais travaillait avec un sérieux implacable, en avait près de 70.000 !! Juste récompense d’une carrière passée discrètement sous les spotlights.
Évidemment, je n’aurai plus jamais le loisir de refaire le monde, de démonter le monde avec lui, comme nous le faisions durant des heures au téléphone. Mais il restera vivant parmi nous tant que nous penserons à lui...
Alors, Jacques Ferchit n’est pas prêt de mourir !
Thierry WOLF