Faut-il limiter notre consommation et entrer en décroissance ? Pour y répondre, nous recevons Timothée Parrique, économiste spécialiste de la décroissance et auteur de : "Ralentir ou périr. L'économie de la décroissance "
Interview réalisée par Maxime Thuillez
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00:00 - Introduction
00:45 - Les détracteurs de la décroissance prennent systématiquement pour exemple, le Venezuela ou la Grèce, deux pays qui pour des raisons différentes ont vu leur économie s’effondrer, et qui sont entrées en récession. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu’est la décroissance, et en quoi elle est différente de la récession ?
10:07 - On va essayer dans cet entretien de détailler des mesures décroissantes, pour que l'on change les imaginaires, et essayer de voir à quoi pourrait ressembler un monde décroissant. Avant cela, à chaque fois que l'on parle de décroissance, on parle du retour de la lampe à huile, des Amishs... on entend cela de la part de ministres voire même du Président de la République. Que réponds-tu aux gens qui voient dans la décroissance un mouvement réactionnaire ?
12:38 - Au-delà de la théorie, la décroissance c'est une mosaïque d'actions très concrètes... est-ce que tu peux lister des mesures qui entreraient dans un programme décroissant ?
21:56 - Tu as cité comme mesure la réduction du temps de travail, il y en a d'autres que tu mentionnes dans ton livre : la fermeture de certaines lignes aériennes, les transports gratuits... est-ce que tu peux nous détailler certaines mesures décroissantes ?
26:30 - Sur les SUV ou sur les avions, l'idée c'est de mettre des quotas ou d'interdire certains bien qui ont une empreinte matérielle trop importante. L'idée de la décroissance, c'est de mettre des plafonds et des planchers ?
29:58 - Dans une économie décroissante, il y aurait l'idée que - peu importe l'argent que l'on a - il y a certains quotas que l'on ne pourrait pas dépasser ?
33:10 - On a parlé des plafonds des limitations que l'on ne pourrait pas dépasser, on va parler des mesures plancher : en quoi les transports gratuits, par exemple, rentrent dans une politique de décroissance ?
44:41 - Avec le libéralisme et la croissance économique, on a vu des régions se désindustrialiser et dangereusement s'appauvrir, dans un monde décroissant, il y aurait des quotas sur l'importation des biens et services, il y aurait une production du coup beaucoup plus locale ? Il ne pourrait pas y avoir de régions qui se paupériseraient ?
36:00 - La décroissance, c'est souvent vu comme un repoussoir, et quand on a pas beaucoup d'argent... on a certainement pas envie d'en avoir moins, et on a parfois l'impression que la décroissance, c'est nous retirer du pouvoir d'achat ou du pouvoir de vivre. Mais dans ce que tu dis là, c'est surtout des restrictions pour les gens les plus riches, et de réduire les inégalités ? C'est de considérer que le capitalisme d'aujourd'hui, c'est une ploutocratie où les riches peuvent à peu près tout faire, et là de remettre des règles pour rétablir une société plus égalitaire ?
47:41 - Un territoire comme le Nord, qui était à la fois un bassin minier et qui vivait aussi beaucoup de l'industrie textile - deux piliers économiques qui se sont effondrés - à quoi pourrait ressembler l'activité économique dans le Nord de la France ?
52:55 - Est-ce que tu peux t'arrêter sur l'exemple de l'immobilier à Vienne ?
57:30 - On sait qu'il y a tout un tas de secteurs qui ne sont pas écologiquement soutenables... Est-ce que la logique décroissante, cela veut dire démanteler certains secteurs, y compris certains secteurs industriels ? Je pense aux SUV, à la chimie pour les pesticides, aux paquebots de croisière. Et si c'est le cas, comment s'y attelle-t-on ?
01:01:40 - La redirection du savoir des ingénieurs entre une entreprise qui fait des paquebots... et une entreprise qui fait des éoliennes, cela parait quasiment impossible à faire, et au mieux, cela veut dire que ces entreprises pendant un certain temps, elles vont être incapables de dégager du chiffre d'affaires... donc elles doivent être accompagnées par l'État ? Comment on fait concrètement pour réorienter des secteurs entiers de l'économie ?
01:05:15 - La décroissance est vue - par beaucoup d'économistes - comme une nouvelle forme d'apocalypse ; au contraire dans une certaine littérature technocritique - je pense à Ivan Illich notamment - il y a cette notion de convivialité... la décroissance peut-elle être heureuse ? Et dans la bataille des récits, est-ce que c'est là que tout est en train de se jouer ? Le pari, c'est de réussir à rendre la décroissance désirable ?