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Conférence donnée le mardi 30 mai 2017
La France postrévolutionnaire, soucieuse de refouler son passé immédiat, se trouve dans une sorte de vide idéologique. Où trouver de quoi réfléchir le lien social s’il faut écarter Voltaire et Rousseau ? En régressant en deçà des Lumières, au Moyen-Âge et au catholicisme - c’est la tentation romantique ? Ou en allant chercher ailleurs une philosophie alternative ? C’est ce que fait Madame de Staël quand elle entreprend d’enquêter au-delà du Rhin en vue d’y trouver de quoi liquider le « matérialisme » et l’apologie de l’intérêt qu’il induit, au profit d’une métaphysique du sentiment qui puisse s’y substituer avantageusement. Mais en procédant ainsi, elle condamne Napoléon en même temps que Robespierre : le présent impérial perpétue la Révolution au lieu de la clore parce qu’il demeure, malgré lui, prisonnier d’un discours qui justifie tous les calculs de l’égoïsme.
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Bertrand Binoche enseigne depuis 2004 l’histoire de la philosophie moderne et contemporaine à l’Université Paris-I/Panthéon-Sorbonne. Ses recherches tournent pour l’essentiel autour du « moment 1800 » et des effets de la Révolution française sur les rapports entre écriture de l’histoire et statut de l’activité philosophique.