Le lac Victoria (Kenya) victime de son succès, avec un stock de poissons en forte diminution.
Le lac Victoria, qui couvre une superficie de 68.800 km2, est le plus grand lac d’eau douce d’Afrique, et le second à l’échelle mondiale derrière le Lac Supérieur (qui chevauche la frontière canado-américaine).
Afin de donner un ordre d’idée plus imagé de l’importance de ce lac, sa superficie est égale à un carré dont les côtés feraient 260 kilomètres, ou à un cercle dont le diamètre approcherait les 300 kilomètres, ou encore plus de deux fois la superficie de la Belgique et du Luxembourg réunis.
Contrairement aux lacs situés dans le grand rift, plus au sud, tels les lacs Tanganyika, ou Malawi, tous les deux fort profonds et allongés, le lac Victoria, dont la profondeur maximale est seulement de 83 mètres, s'étale dans une cuvette arrondie.
Sa côte, très irrégulière, a un périmètre estimé de 3.460 kilomètres.
Le lac Victoria est une des sources reconnues du Nil, et son bassin versant s’étend sur cinq pays : le Rwanda, le Burundi, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda.
Ce lac transfrontalier, situé à cheval sur l’équateur, et à plus de 1.100 mètres d’altitude, se répartit entre trois pays : la Tanzanie pour 51% de sa superficie, l’Ouganda pour 43%, et le Kenya pour 6% de sa superficie.
Comme vu ci-dessus, seulement 6% de la superficie du lac est sous la souveraineté kenyane, soit environ 4.100 km², ou encore l’équivalent de la surface d’un carré de 64 kilomètres de côté.
Dans cet exposé, on va s’intéresser plus particulièrement aux frontières du Kenya avec ses voisins à l’intérieur du lac, et vous exposer les circonstances dans lesquelles ces lignes de démarcation ont été établies.
En fait, il y a deux tracés : l’un horizontal, avec la Tanzanie, l’autre vertical avec l’Ouganda.
La plus ancienne de ces deux lignes est l’horizontale, qui date de 1886.
Jusqu’en 1902, seulement deux pays, ou plutôt deux Protectorats, bordaient le lac Victoria, l’Afrique orientale Britannique (devenue, pour partie, l’Ouganda), et l’Afrique orientale allemande (qui est, de nos jours, répartie entre la Tanzanie, le Burundi et le Rwanda).
La ligne de démarcation entre ces deux entités avait été tracée en 1886, dans le cadre d’un accord conclu entre le Royaume-Uni et l'Allemagne, afin de délimiter leurs domaines d'influence respectives en Afrique de l'Est. Cette ligne fut donc tirée entre l'océan Indien et le lac Victoria, avec les Anglais au nord et les Allemands au sud.
Le tronçon entre le versant nord du Mont Kilimandjaro jusqu’au lac Victoria est une longue ligne droite qui aboutit au 1er parallèle sud, à l’intérieur du lac Victoria.
Un autre accord, en 1888, fixe la frontière entre l’Ouganda et la Tanzanie à travers le lac Victoria jusqu’à la frontière avec l’actuel Rwanda. Le tracé de cette frontière longe le 1er parallèle sud jusqu’à rejoindre une rivière, de l’autre côté du lac, près de 360 kilomètres plus à l’ouest, bien à l’intérieur des terres, et pas très loin du tripoint formé entre la Tanzanie, l’Ouganda et le Rwanda.
Cette frontière se situe à environ 110 kilomètres au sud de l’équateur, soit environ la distance qui sépare deux parallèles à la hauteur de l’équateur.
Suite à une étude faite par Daniel Posner (un professeur à UCLA), cette frontière, qui se confond avec le parallèle, fait partie des 44% des frontières qui suivent des méridiens ou des parallèles en Afrique. Ceci constitue clairement une indication de la nature arbitraire et artificielle de nombreuses frontières africaines.
La frontière verticale, quant à elle, date de 1926, lorsqu’elle a été initialement établie en tant que ligne interterritoriale par un décret britannique. Son tracé est moins consensuel, et il a fait l’objet de plusieurs litiges entre l’Ouganda et le Kenya, depuis leurs indépendances, respectivement en octobre 1962 et en décembre 1963. Certaines de ces tensions ont été suffisamment importantes pour que la frontière terrestre entre ces deux pays soit alors momentanément fermée.
Le territoire du protectorat de l'Ouganda était historiquement beaucoup plus grand que l’Ouganda actuel, et débordait largement sur le territoire de l’actuel Kenya, vers l’est. Mais, en 1902 puis en 1926, le ministère britannique des Affaires étrangères procéda à deux partages des territoires, à chaque fois au détriment de l’Ouganda. Ainsi, en avril 1902, la province orientale du protectorat de l'Ouganda fut transférée au protectorat de l'Afrique de l'Est. Ceci permit au Kenya d’avoir un accès à l'eau du lac Victoria.
La frontière commune avec l’Ouganda s’étend sur environ 930 kilomètres, dont près de 138 kilomètres à l’intérieur du lac Victoria. Elle est formée de plusieurs lignes droites, du sud au nord, jusqu’à l’embouchure de la rivière Sio, dont l’embouchure est partagée entre les deux pays.
Il y a plus de 3.000 îles dans le Lac Victoria. Certaines vont être utilisées comme repère pour tracer la frontière entre l’Ouganda et le Kenya