Quatrième séance du cycle de rencontres "Mesurer la valeur de notre monde?", organisé à l’initiative de Bettina Laville, présidente de l'IEA de Paris, conseillère d’État honoraire, fondatrice et présidente d'honneur du Comité 21
Présentation de la quatrième séance : Mesurer les inégalités, est-ce les réduire ?
Les inégalités ont leur observatoire : on peut donc les mesurer. Bien sûr, on mesure assez facilement les inégalités de revenus, mais, selon les outils de mesure, on les apprécie différemment : la part du revenu disponible, qui mesure l’écart entre les revenus disponibles pour les plus aisés, et ceux des autres catégories, le rapport interdécile, qui classe la population par tranche de revenus, ou bien l’écart interdécile, qui mesure les inégalités non en comparaison mais en monnaie.
Des indices plus complexes existent, comme le coefficient de Gini, qui compare l’écart entre la répartition des revenus et une situation d’égalité. Le ratio de Palma, lui, rapporte la masse du revenu national qui revient chaque année aux 10 % les plus aisés à celle que reçoivent les 40 % les plus pauvres.
L’Observatoire des inégalités remarque très judicieusement que « tout outil de mesure des inégalités est une construction réalisée à partir de normes que se fixent les statisticiens ». Il faut donc bien maîtriser les outils qui servent à les mesurer, leurs avantages comme leurs inconvénients.
On étend aujourd’hui l’appréciation des inégalités bien au-delà de celle des revenus : inégalités scolaires, éducatives, territoriales, d’accès à la culture, de conditions de travail, de genre, d’exposition aux risques environnementaux ; la devise républicaine de l’égalité éclate en autant de mesures quantitatives que qualitatives, et le sentiment d’augmentation des inégalités explose, en contradiction parfois avec les calculs statistiques. La mesure des inégalités ne suffit pas à rendre compte des injustices.
Avec la participation de Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, ancienne ministre de l'Égalité des territoires et du Logement, Florence Jany-Catrice, professeure des universités, Université de Lille, Nicolas Duvoux, sociologue, professeur à l’Université Paris 8, auteur de "L'avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine" (éd. PUF, 2023).
Séance conçue et animée par Bettina Laville